N° 4 - Le tigre en flammes de Peter Balakian 2003 traduction 2011 aux éditions Liebretto. A reçu le prix Raphaël Lemkin.


Cet ouvrage apporte les témoignages sur une période de trente années.


...En 1890, déjà, on relève des actes de barbarie suite à la répression des révoltes arméniennes en protestation de leur condition de vie.

Page 89 :

dans le village de Semal, les Arméniens se rendirent après que le colonel des forces turques eût promis à leur prêtre de les épargner. Mais aussitôt le reddition accomplie, le colonel fit capturer le prêtre et lui arracha les yeux avant de l'achever à la baïonnette. Puis, on sépara les hommes des femmes et celles-ci furent violées durant la nuit. Le lendemain soir, on exécuta les hommes à la baïonnette, sous les yeux atterrés des épouses terrorisées.


Page 98 :

1895, témoignage de Clara Barton de la mission américaine.

Lettre N° 5 : « De nombreuses femmes, entre soixante et soixante-cinq ans selon les estimations, furent enfermées dans une église, puis on « lâcha » les soldats parmi elles. Beaucoup furent outragées jusqu'à la mort, et les autres furent achevées à l'épée ou à la baïonnette. On aligna les enfants les uns derrière les autres, avant de tirer dans le rang, vraisemblablement pour voir l’on pouvait en tuer d'une seule balle. Les plus jeunes d'entre eux furent empilés et décapités.


Lettre N° 10 : « les hommes et les femmes furent massacrés avec la pire des barbaries, tous subirent d'innombrables atrocités. Les atrocités les moins horribles comptaient parmi les suivantes : passer les hommes à la baïonnette, puis, ainsi blessés,les enterrer ou les brûler ; outrager les femmes puis les achever à l'épée ou à la baïonnette ; éventrer les femmes enceintes, empaler les enfants et les bébés sur les baïonnettes, ou les tuer à coups d'épée ; incendier les maisons puis repousser les habitants au milieu des flammes.

Fin de témoignage de la période 1890-1896


Début de témoignage de la période 1915-1917

Page 284 : description du meurtre de cinq personnes parmi la rafle du 24 avril 1915.

les déportés en charrette sont attaqués par quatre tchéttés Kurdes. « Tout cela avait été arrangé à l'avance, en secret, écrivit Balakian qui faisait partie d'un autre groupe ».

les tchéttés conduisirent les Arméniens vers le plus proche ruisseau, les déshabillèrent, plièrent les vêtements qui étaient désormais les leurs. Puis, ils les poignardèrent à mort, leur tranchèrent les bras, les jambes, les parties génitales et dépecèrent les corps. Seul Daniel Varoujan qui n'avait que 33 ans, tenta de se défendre, ce qui ne fit qu'attiser la rage des tueurs ; ils n'arrachèrent pas seulement les entrailles, mais également les yeux de ce grand poète arménien. (lien)

enfin les assassins se répartirent le butin, dont plus de 450 pièces d'or cousues dans les vêtements du Dr Chilinguirian et d'Onnik Maghazadjian. Ils payèrent la police et repartirent avec les attelages.

Balakian apprit les détails de ce crime par l'un des cochers turcs, un garçon de vingt ans, fils du gardien des bains publics, qui regagna Chankiri profondément choqué.


Page 303 :

extrait des mémoires de l'ambassadeur des Etats-Unis en poste à Constantinople.

« Une pratique courante consistait à place le prisonnier dans une salle, avec deux Turcs à chaque bout et deux autres sur les cotés. Puis de commencer la bastonnade, une forme de torture, qui consiste à battre la plante des pieds avec une fine baguette, jusqu'à ce que les pieds gonflent et saignent, et il n'est pas rare qu'on dût les amputer.

Ils avaient maintes autres méthodes. Ils arrachaient la barbe ; il leur déracinaient les ongles ; ils leur marquaient la poitrine au fer rouge ; les écorchaient à l'aide de tenailles rougies, puis versaient du beurre bouilli sur les plaies.

Parfois les gendarmes leur clouaient les mains et les pieds sur des planches-références évidente à la crucifixion- et tandis que la proie se tordait d'agonie, ils lui criaient : »Laisse donc ton Christ te venir en aide ! ».


page 321

Les Turcs employaient les mêmes méthodes, toujours par souci de préserver les munitions. Dans Ankara et ses environs, à seulement trois cents kilomètres de Constantinople, on utilisait « des haches, des couperets, des pelles et des fourches », expliqua Krikoris Balakian. C'était comme un gigantesque abattoir : les Arméniens se faisaient dépecer, et les escadrons de la mort aidés de citadins projetaient les nourrissons contre les pierres sous les yeux de leurs mères. Le carnage de la région d'Ankra fut si monstrueux que Talaat pacha dut ordonner l'inhumation immédiate de plus de quarante mille cadavres, mais l'odeur de la mort et les monticules de cadavres submergeaient le paysage.


Page 404 :

au sujet d'un des premiers films (muet) « ravished Arménia » tourné sur le génocide racontant l'histoire d'une rescapée, Archalouys Mardiguian, réfugiée aux Etats-Unis en 1917, à l'âge de 17 ans. Elle prit un nouveau prénom « Aurora », traduction de Archalouys, qui veut dire « lumière du matin ».

Elle raconta son histoire qui fut publiée dans deux journaux américains.

Puis, en 1918, elle fut engagée pour le tournage de sa propre histoire, à Los Angeles.

Comme le nota le critique de cinéma Anthony Slide,quels que fussent déployés les efforts déployés dans le livre et dans le film pour montrer la violence vécue par Aurora, l'un et l'autre n'étaient que des versions assez édulcorées de ce qu'elle avait réellement vu et subi.

Quand Aurora vit les actrices d'Apfel crucifiées sur des grandes croix robustes, leur nudité cachée sous une longue chevelure, elle indiqua au réalisateur : « Les Turcs ne faisaient pas des croix comme ça. Les Turcs fabriquaient de petites croix pointues. Ils déshabillaient les filles. Ils les faisaient se courber. Et après les avoir violées, ils les faisaient s’asseoir sur la pointe, qui s'enfonçait dans le vagin. Voilà comment ils tuaient les Turcs ! Les américains ont donné une version plus civilisée. Ils ne peuvent montrer des choses aussi affreuses. »

Aurora raconta ensuite, le meurtre de sa tante enceinte alors qu'elle tentait de protéger son fils âgé de deux ans : »les Turcs, ils ont pris un couteau, il lui ont ouvert le ventre. Ils ont dit :  « voilà comment nous allons tous vous achever ».

ils ont arraché le fœtus des entrailles et l'ont posé sur une pierre. Ils ont pris le bout d'un de leurs fusils, qui était lourd, et se sont mis à frapper,frapper, frapper son bébé. »

lien du film : https://www.youtube.com/watch?v=uTnCaW-Uo_s


Aurora Mardiguian, traumatisée, termina sa vie à Los Angeles en 1994.